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Et si la crise du COVID était l'occasion d'une disruption d'un nouveau genre ?

Le monde de la "Tech" raffole des anglicismes, au premier rang desquels, le mot disruption : ce qui qualifie une rupture de continuum, ce fameux « effet waouh » provoqué parce que jamais vu auparavant. Et si nous vivions l’avènement d’un nouveau genre de disruption ?

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Résumons une situation désormais bien connue :

La grande stabilité climatique qui a perdurée pendant les 10 000 ans de l'Holocène[1] a été rompue par une seule espèce vivante : nous

En l'espace de quelques années, nous avons hacké l'échange énergique autotrophe/hétérotrophe et bouleversé le cycle du carbone[2] en allant dilapider la réserve énergétique gigantesque issue des végétaux qui s'était accumulée durant des dizaines de millions d'années dans les entrailles de la terre. L'accès à ce surplus d'énergie nous a donné un avantage évolutif écrasant sur le reste du vivant mais voilà que nous sommes rattrapés par nos déchets visibles et invisibles (i.e Gaz à Effet de Serre (GES)[3], pollution de l’air[4], micro-plastiques[5] etc). Conséquences non pensées, non gérées, de la transformation de cette énergie en cette myriade d’objets qui ont envahis notre quotidien, trop souvent tout aussi jetables et non biodégradables qu’inutiles mais dont nous sommes devenus complétement accros, d’autant plus qu’ils sont à la base de nos systèmes économiques !

Nous voici donc entré dans l'ère de l'anthropocène avec une courbe des températures et une extinction de la biodiversité qui prend des allures de tremplin[6] et va propulser l'humanité vers l'inconnu... avec une vitesse que nous avons peut être encore la possibilité de faire varier. Car les lois de la physique sont formelles, c’est de cette vitesse que dépendra la hauteur de notre chute.

Or le numérique, est un des principaux moteurs de la grande accélération en cours.

Et si le grand tournant devait avoir lieu à l’endroit même où se trouve aujourd’hui l’un des 2 principaux moteurs (avec la mondialisation) de la grande accélération que connait nos sociétés modernes : le Numérique ?

L'informatique est d’une certaine manière une synthèse ultime de tous ces objets, de l’innovation humaine, l’illustration parfaite du génie technologique humain autant que son incapacité chronique à en maîtriser les effets. Une invention de plus qui lui échappe, dont il devient complément accro. Une véritable drogue[7][8][9] qui lui donne la possibilité d’échapper encore un peu plus facilement aux contraintes du réel, d'être "hors sol" jusqu’à se réfugier dans un monde parfois totalement virtuel.

Pourtant, si vous êtes né dans les années 80, vous avez peut-être été tout aussi fasciné que moi par la puissance de ce formidable outil que représente l'informatique, par le goût de liberté qui semblait s'en dégager. Par cette vision romantique de bidouilleurs dans leur garage qui révolutionneraient le monde et feraient la promotion de la connaissance pour tous et d'une vie plus facile pour chacun d'entre nous. Nourris par la SF de l'époque, les ingénieurs de la "Tech" ont réussi leur pari au-delà de leurs rêves les plus fous mais sont aussi les premiers à tirer la sonnette l’alarme sur les effets de bords qu’ils n'ont pas anticipés :

  • L'accès à la connaissance s'est noyée dans un océan de données où une information erronée (fake news) est 6 fois plus relayée[14]. A tel point que les théories du complot de grandes échelles se multiplient et que nos "bulles de filtres[10]"polarisent nos sociétés, nos cultures, chacun croyant détenir "La vérité". Il s’en suit inévitablement un délitement des liens sociaux et une fragilisation de nos sociétés.

  • Notre bon vieux cerveau est bien impuissant face au bombardement sensoriel et à l'exploitation massive de ses biais cognitifs par les grandes plateformes du web, devenues des spécialistes inégalables en manipulation psychologique grâce aux données pléthoriques fournies par nos avatars numériques. Nous sommes devenus leurs produits, l’objet d’une guerre commerciale pour s’accaparer le moindre interstice de nos temps de cerveau disponibles au moyen d’un arsenal de pointe destiné à nous rendre accros. Et c’est réussi, nous consultons nos écrans en moyenne pas moins de 220 fois par jour (cf. étude tecmark 2014[7]) !

  • Bercée par l'illusion de la dématérialisation et de la virtualisation, l'informatique s'est encore moins préoccupée que les autres secteurs de ses impacts environnementaux. Ce qui, couplé, avec l'explosion de ses usages, des données et, par conséquence, des équipements, a fait exploser la facture environnementale : ~4% des émissions GES, bientôt autant que le trafic automobile[11], + 40 métaux, incluant des terres rares, saupoudrés dans chacun des milliards d'équipements numériques achetés chaque année posent d'immenses défis environnementaux et sociaux tant pour leur fabrication que pour leur fin de vie[12]. C'est d'ailleurs bien à ces endroits que se concentrent la majorité des problèmes environnementaux[13].

Alors, pour continuer de s'enthousiasmer des formidables innovations à venir venant de la Tech et la promouvoir comme un levier à la transition écologique, peut être devons-nous maîtriser ses effets négatifs sans plus tarder.

C’est une véritable disruption non pas technique mais d’état d’esprit, un passage à l’âge adulte, une capacité retrouvée à prendre acte des erreurs du passé et mesurer les bénéfices réels apportés à plus long terme. La sobriété numérique - terme qui se défini par contraste avec l'ébriété actuelle qui caractérise la consommation des produits et des services numériques - impose de réfléchir au superflu, à ce qui est essentiel pour se (re)concentrer sur ce qui compte vraiment en tant qu'individu, en tant qu'entreprise, en tant que société.

Et elle a l’énorme avantage, pour l’entreprise en particulier, d’apporter une triple réponse environnementale, sociale et économique à la situation actuelle.

  • Environnementale d’abord parce comme nous l’avons vu le plus gros des impacts environnementaux se trouvent à la fabrication et à la fin de vie. Les 2 principaux leviers sont donc de limiter le nombre d’équipements nécessaires et d’allonger leur durée de vie. L’exercice consiste à questionner, autrement que par le seul prisme financier, la raison d'être d'un nouveau projet numérique, d'une nouvelle infrastructure ou d’un nouvel achat d'équipement : en a-t-on vraiment besoin, quel est son véritable enjeu dans la bonne marche de mon organisation, de mon entreprise etc. Il n’est pas rare non plus de voir des équipements/applications qui prennent la poussière dans les DSI, leur décommissionnement sans cesse reporté par peur de "tout casser", plus personne ne sachant exactement à quoi ils servent. Au-delà de cette économie de fonctionnement à l’échelle de l’organisation, il s’agit également d’éco-concevoir ses services numériques pour limiter leurs besoins en ressources matérielles et en électricité. Dans les deux cas, la première étape incontournable est se mettre en capacité de compter régulièrement, d’adopter une comptabilité carbone, qui permet, à l’instar d’une comptabilité financière, d’agir plus efficacement et de valoriser la démarche de manière chiffrée et dans la durée.

  • Sociale ensuite, parce que ce sont les usages qui dimensionnent les infrastructures sous-jacentes, le nombre et la fréquence de renouvellement des équipements. Or la sobriété numérique invite à limiter ses usages, et de fait, pousse à choisir en conscience les usages les plus utiles, d’adopter une « alimentation numérique saine » en quantité raisonnable, qui permette de se préserver des dérives de l’orgie numérique actuelle qui ont une influence sur nos capacités d’attention, de concentration, sur notre productivité, sur notre sommeil et donc sur notre santé. C’est également une invitation à prendre conscience de nos bulles de filtres, leur influence sur nos perceptions et nos représentations. Sans oublier bien sûr, les conditions sociales désastreuses de plusieurs milliers de personnes, d’enfants parfois dans lesquelles sont fabriqués ou démantelés ces écrans, TV, téléphones, ordinateurs etc.

  • Économique enfin, parce qu’une démarche de sobriété numérique va de pair avec des économies financières. Non seulement elles permettent de financer une telle initiative mais ces réductions sont d’autant plus importantes que la démarche est acceptée par des utilisateurs, plus sensibles, par exemple, à maintenir un poste de travail en bon état pour des raisons environnementales que pour des seules logiques de coupures budgétaires. C'est donc pleinement compatible avec la période de crise économique actuelle.

Il me paraît important de préciser à ce stade, il ne s'agit pas de verser dans un catastrophisme paralysant, pas plus que de se culpabiliser ou de blâmer les générations précédentes : « toute personne normalement constituée, ne se serait-elle pas aussi fait avoir par cette drogue (i.e énergies fossiles), sans personne pour l’alerter sur ses dangers, alors qu’à court terme elle lui donne la sensation de liberté et d’une toute puissance en trompe l’œil, aucun de ses sens ne laissant présager de la formidable dette à payer d’ici peu. Il serait tout aussi malhonnête de condamner ceux qui font désormais bien « pire » que nous, alors que nous avons sciemment déporter notre pollution chez eux et avons pendant des années fait la promotion de nos modes de vie.

Mais, maintenant que le doute n’est plus permis sur l'urgence de la situation, c’est de souligner à quel point il est possible de faire autrement, de faire mieux dès maintenant. De montrer à quel point l’entreprise et la « Tech », 2 figures de proue de nos sociétés modernes, peuvent s’emparer de ce sujet avec vigueur et panache pour donner un nouveau cap qui fasse sens et ainsi renforcer son image et ses valeurs, ciment, au combien précieux en ces temps difficiles, des relations avec ses employés et avec ses clients à l’heure où celles-ci se font de plus en plus à distance.

La sobriété numérique peut aller jusqu’à imposer une nouvelle définition aux innovations de la « Tech » : leur interdisant de se présenter comme telles si elles dégradent à court ou plus long terme nos conditions de vie sur terre.

Certains diront que le numérique n'est pas le secteur le plus carboné. C’est le cas, mais pourquoi vouloir opposer les choses, d’autant que ce serait aussi oublier que c’est non seulement le poste d ‘émissions qui croit le plus vite, à contresens des accords de Paris, mais c’est aussi le secteur qui a démontré la plus grande capacité à se transformer et à révolutionner tout ce qu’il touche. Le numérique, en réalisant en premier son exercice de réduction de ses coûts environnementaux, pourrait montrer la voie et prendre appuie sur le succès de sa propre mutation pour relever les défis des autres secteurs. D’autant que les gisements de réduction sont peut être plus faciles à trouver qu’ailleurs ayant produit du « gras » sans s’en rendre compte pendant des années. De même ses capacités intrinsèques d’automatisation facilitent les mesures et les réductions d’impacts lui assurant des succès probants et d’autant plus visibles que l’informatique est utilisée par tous dans l’entreprise.

Animé par ces convictions, notre mission est d’offrir aux grandes directions informatiques qui le souhaitent les moyens de s’engager et d'outiller une démarche de sobriété numérique, de piloter leur informatique autrement en y ajoutant ces dimensions environnementales et sociales.

Comment ?

En faisant évoluer l’outil central de la gestion de leurs services informatiques, ServiceNow, avec une application dédiée baptisée my IT footprint.

Sources :
[ 1 ] Histoire du climat - Wikipedia
[ 2 ] Cycle du carbone - Wikipedia
[ 3 ] Comprendre les GES et impact sur le climat - Gouvernement Français
[ 4 ] Comprendre la pollution de l'air et les GES - Wikipedia
[ 5 ] Comprendre les Microplastiques - Wikipedia
[ 6 ] La grande accélération - Wikipedia
[ 7 ] Etude sur l'usages des smartphones en 2014 - Tecmark
[ 8 ] Chiffres clés sur les reseaux sociaux - eWorks
[ 9 ] Etude sur l'usage des téléphones mobiles en 2016 - Deloitte
[ 10 ] Bulles de filtres - Wikipedia
[ 11 ] L'empreinte du numérique - Wikipedia
[ 12 ] Comprendre les terres rares, et le bilan matière des équipements électroniques - inforgraphie ADEME
[ 13 ] Deployer la sobriété numérique, le rapport complet du Shift Project 2020
[ 14 ] Etude du MIT - Fake News - parue dans ScienceMag

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