Les principaux freins à l'action

L’université de Cambridge a publié en 2020 une analyse des 12 grands discours qui freinent l'action contre le changement climatique.

Si ce papier - brillament repris en Français par le site le lebonpote.fr - résume déjà très bien ce qui est parfois entendu pour justifier l’inaction, nous nous sommes amusés à compléter modestement & brièvement quelques-unes de ces objections et plus particulièrement celles concernant les émissions CO2e liées au numérique.

  • Le dernier rapport du GIEC rappelle l’urgence de la situation, que chaque fraction de degré compte, et qu’il faut agir dès aujourd’hui pour réduire nos émissions, d’autant que, de l’autre côté, les stratégies de compensation présentent un niveau d’incertitude bien plus élevée quant à leur efficacité.
  • Devenus prioritaires sous la pression conjuguée du régulateur, des employés, des citoyens et des clients, ces sujets environnementaux entameront tôt ou tard la rentabilité et/ou la réputation de la marque s’ils sont sous-estimés.
  • Si ce projet peut paraître chronophage, les solutions existent - my IT footprint ?;o) - pour faciliter la tâche et pouvoir glisser le projet dans l’agenda de la DSI sans l'impacter ou presque.
  • Les 3 leviers de la réduction des coûts carbone – réduire le nombre d’équipements ; augmenter leur durée de vie ; baisser la facture d’électricité – induisent inévitablement une baisse des coûts de fonctionnement. Le ROI de ce type de projet est non seulement largement positif mais le plus souvent atteint dans les 2 premières années.
  • Le numérique est souvent présenté comme un des leviers dans la réduction des émissions carbone des autres verticales de l’entreprise, il devient alors difficile de rester aveugle quant à ses impacts négatifs sans manquer de sérieux ou être taxé de greenwashing.
  • Est-ce bien de l’empreinte carbone dont il est question, incluant les émissions indirectes (scope 3) ? En effet, c’est un détail important car la majeure partie des émissions carbone liées à l’IT sont en amont ou en aval de l’activité de l’entreprise. Par exemple l’utilisation d’une flotte de plusieurs milliers de smartphones est incomparablement plus faible en termes d’émissions CO2e que les émissions qui ont été nécessaires à la fabrication de ces équipements.
  • Étant donné l’urgence climatique, il n’y a pas de « petites économies de carbone », d’autant que ce serait oublier que c’est le poste d’émission qui connaît la plus forte hausse et de loin.
  • Les gisements de réduction carbone y sont peut-être plus faciles à trouver qu’ailleurs, le numérique ayant produit du « gras » sans s’en rendre compte pendant des années. De même ses capacités intrinsèques d’automatisation facilitent les mesures et les réductions d’impacts lui assurant des succès probants et forcément visibles puisque le numérique est utilisé par tous les employés ou presque.
  • Appliquer quelques bonnes pratiques vu ici et là sans les contextualiser, sans mesurer régulièrement ou sans comprendre où sont ses dépenses, c’est prendre le risque d’agir au mauvais endroit, d’être incapable de valoriser ses progrès dans le temps, d’être taxé de greenwashing et au final ne pas changer grand-chose à son bilan.
  • Comment en être certain si l’exercice de comptabilité n’a pas encore été réalisé ?
  • Le réchauffement climatique est jugé comme un des plus grands défis de l’humanité, notamment parce qu’il met à rude épreuve notre capacité de coordination/coercition de prêt d’une dizaine de milliard d’individus dont la majorité ne voit pas encore les effets ou de manière très indirecte. NOUS AVONS DONC TOUS NOTRE PART A FAIRE DANS CETTE REDUCTION, SANS OUBLIER NOTRE PART D’INFLUENCE !
  • Non, le dernier rapport du GIEC est clair sur le fait que, compte tenu de l’inertie climatique et de la part de responsabilité de l’homme, l’avenir climatique nous appartient : le climat des deux prochaines décennies dépend encore largement de nos actions de réduction D’AUJOURD’HUI.
  • Notre capacité d’innovation technologique sera bien sûr la bienvenue dans la lutte contre le changement climatique mais pas suffisante, les fondements de nos systèmes économiques étant basés sur la consommation continue d’une myriade de produits et services qui n’ont jusque-là pas été pensés pour être bas carbone ou presque & qu’il faut réduire dès maintenant. Il n’y pas donc pas d’autre moyens que d’EN MÊME TEMPS, réduire ce qui peut l’être en se concentrant sur l’essentiel, en éliminant le superflu.
  • La performance environnementale des innovations est, très souvent, contrebalancée par les effets rebonds – par exemple : les gains énergétiques des smartphones sont loin d’avoir compensé l’explosion de leur nombre et de leurs usages.
  • Tous les humains ne se valent pas en termes d’émissions de gaz à effet de serre. Les disparités sont gigantesques d’un pays à l’autre – en 2018 - au Qatar c‘est 32,4, tonnes de CO2/habitant/an, 15,2 pour les USA et 0.1 pour l’Éthiopie et ces disparités sont encore bien plus importantes selon les richesses de chacun : « Les 1 % les plus riches de la planète émettent deux fois plus de CO2 que la moitié la plus pauvre de l’humanité » (src. Oxfam). Il ne s'agit pas tant du nombre donc que des modes de vie.
  • Rappelons aussi que l’espèce humaine représente moins de 0.01% de la (bio)masse du vivant sur terre, alors qu’elle est seule responsable du réchauffement climatique actuel.
  • Le dernier rapport du GIEC, conclu dans un consensus scientifique indépendant, mondial et inégalé, avec le plus haut indice de confiance, que seul l’Homme est responsable du changement climatique observé depuis le début de l’ère industrielle.

Nourris de SF, nous aimerions croire que ce soit possible mais, quelques ordres de grandeurs sont là aussi les bienvenus pour se faire une idée de la réalité :

  • Il n’existe pas de planète habitable en l’état dans notre système solaire, or ne serait-ce que pour en sortir, si l’on fixe la limite par l’influence gravitationnelle du soleil, il faut parcourir +19 000 Milliards de Km. En 2019, après 42 années, la sonde voyager aura parcouru… 21,7 milliards de km seulement…
  • La vitesse de la lumière, 300 000 km/s, est la vitesse maximale possible selon la théorie de la relativité. Et même à cette vitesse, des millions d’années seraient nécessaires pour rejoindre les galaxies les plus proches. La sonde Voyager, une des plus rapides jamais conçues, se déplace elle à une vitesse moyenne de 17 km/s
  • Terraformer mars est exclu selon la Nasa en l’état actuel de nos connaissances, mais admettons, il faudrait sans nul doute des dizaines de milliers d’années et plus vraisemblablement des millions d’années pour la rendre vivable... mais pas nécessairement agréable à vivre.
  • Les trous de vers, raccourcis spatio-temporel vu dans le film « interstellar », quant bien même ils existeraient et admettons qu’ils existent dans notre système solaire, seraient à priori et selon les astrophysiciens impraticables de par l’existence de trou noir à proximité qui pulvériserait n’importe quel objet l’approchant.
  • Il est toujours possible de rêver, mais disons que cela paraît déraisonnable de parier sur cette issue.

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